Les idoles

Si l’on parle d’ « idoles », on pense facilement aux statues antiques des dieux, auxquelles on offrait des sacrifices, des offrandes etc. On pense aussi que ces pratiques sont d’un autre âge et n’existent plus dans notre civilisation. Et pourtant…

Voici une histoire vraie.

On apprend par ses camarades de classe (petite section de maternelle) qu’une petite fille a été utilisée pour des jeux sexuels par un homme travaillant à l’entretien de l’école, pendant la récréation, devant les autres enfants et avec menaces si ils en parlent. Les petits sont tellement perturbés que l’information éclate. Les parents des enfants spectateurs déposent plainte à la gendarmerie mais la plainte est classée sans suite. Le monsieur est maintenu dans l’école, avec simple interdiction de s’approcher des enfants. Les parents de la petite victime ne déposent pas plainte, et ne changent pas leur fille d’école, contrairement aux autres parents : ils habitent en face de l’école, sont instituteurs tous les deux et aimeraient avoir un poste dans cette école prochainement…

Que s’est-il passé ? Sans s’en rendre compte, ils ont sacrifié leur fille à leur avenir professionnel.  Dans l’antiquité, des enfants ou adolescents étaient offerts en sacrifice aux dieux. Malheureusement, actuellement cette attitude revient, masquée sous de bons prétextes. Les dieux ne sont plus des statues, mais la réussite professionnelle, la réussite sociale, la santé, les vacances, le confort matériel, etc… Ces choses, qui peuvent être bonnes, deviennent des idoles quand on perd la notion de priorité face à elles. Et les premiers sacrifiés sont souvent les enfants : on les veut quelquefois presque comme on veut des objets de consommation, et on perd de vue que ce sont des personnes à faire grandir, à respecter, à aimer. Ils ne doivent pas déranger une vie organisée en fonction de l’idole, et si l’idole le réclame, il faut être prêt à lui sacrifier ses enfants…

Les exemples malheureusement abondent : enfants livrés à eux-mêmes ou à des « baby-sitters » indifférentes, quelquefois maltraitantes ; enfants qu’on ne prend pas le temps d’écouter, d’accueillir, qu’on ne prend pas au sérieux dans ce qu’ils disent ou qu’on n’aide pas à s’exprimer en les mettant en confiance. Les mobiles des parents peuvent paraître très légitimes : vie professionnelle avec beaucoup de responsabilités, engagement important dans la vie sociale, politique, ou même ecclésiale.

Pourtant, en aucun cas une personne (enfant, conjoint, ami, parent âgé…) ne doit être sacrifiée à une activité, une idée, un projet. Le seul sacrifice possible c’est celui que nous faisons de nous-mêmes, par amour, comme Jésus sur la Croix. Le discernement est indispensable dans nos choix, et des lumières extérieures sont nécessaires car nous sommes trop aveuglés par nos idoles pour pouvoir nous en libérer seuls.

Dans l’histoire ci-dessus, quelques années après les faits, la maman de la fillette victime se plaignait que sa fille était perturbée et portée sur le sexe… Les troubles des enfants, comportement déviant, addiction, violence, automutilation, etc. vont être le meilleur indicateur d’une idole sous-jacente chez les parents, car alors l’enfant a perdu toute estime de lui-même. L’apparition de ces troubles graves est donc le moment de la prise de conscience et de la conversion de nos comportements.

Cela ne doit pas nous faire peur, les idoles asservissent, alors que la vérité rend libre et renouvelle les relations en donnant la joie d’aimer vraiment.

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