L’imagination

L’imagination est une des 3 principales facultés de notre esprit avec la compréhension (ou encore entendement) et la mémoire. Elle est très utile pour inventer, créer, mais aussi pour prévoir, s’organiser, anticiper.

Dans la lecture, elle est indispensable. En effet au début de l’apprentissage, c’est la compréhension et la mémoire qui seront les plus mobilisées pour l’acquisition de la technique de lecture. Mais pour qu’une lecture prenne du sens, le lecteur, en même temps qu’il lit les mots et les phrases, doit avoir des images dans son imagination. Comme un « film » qu’il se représente et lui fait voir et  presque vivre l’histoire qu’il est en train de lire. S’il ne peut pas se faire ce « film » la lecture ne peut avoir aucun goût pour lui.

Quand un enfant apprend à lire, il est nécessaire de lui faire expliciter à haute voix ce qu’il vient de lire (également à haute voix), afin que des images se forment peu à peu pour lui. Beaucoup de personnes actuellement, même adultes, lisent sans que cela « fasse sens », alors même que leur diction est parfaite avec  la ponctuation, l’intonation etc. C’est une lecture mécanique, et s’ils lisent en public, les auditeurs ont du mal à écouter car ils ne peuvent pas suivre le lecteur dans la signification donnée au texte (cela arrive parfois à la messe). C’est une des conséquences des méthodes globales de lecture, et une des raisons du dégoût de la lecture chez de nombreux jeunes.

Mais l’imagination, comme toutes les facultés de l’homme, doit être soumise à la raison et à la volonté.

Nous connaissons les peurs dans lesquelles peut nous entraîner une imagination déréglée : «  Il est en retard ; il lui est arrivé malheur ; il a fait une fugue ; il ne veut plus venir ; il ne m’aime plus ; etc… » Le moindre détail est agrandi par l’imagination et transforme la réalité en une menace. Dès qu’on en a conscience, il est nécessaire de raisonner : « Il ne peut rien lui arriver de grave dans ce lieu ; il m’a confirmé qu’il venait ; … etc » pour assagir notre imagination. Et si cela ne suffit pas, nous pouvons aussi décider de refuser la peur en utilisant notre volonté : je choisis de tout confier au Seigneur et de lui abandonner la situation.

L’imagination mal contrôlée bloque la réceptivité, c’est-à-dire l’accueil du réel tel qu’il est.  J’entends un choc sourd et j’imagine que c’est un coup de fusil, alors que c’est un oiseau qui s’est cogné à la fenêtre… La vue est parfois totalement déformée par l’imagination. Ainsi une personne me dit avoir vu un crayon à mine gris dans mon pot à crayons. Et quand elle va vérifier, elle s’aperçoit que c’est un stylo mais elle a imaginé que c’était le même que chez elle, et elle n’a pas vu l’objet réel qui est devant elle.

 

La littérature pour la jeunesse est actuellement pleine de monstres, super héros, super pouvoirs etc..  qui n’aident pas un enfant à construire son esprit. S’il se projette dans ces situations, cela le coupe du réel et rend son imagination déraisonnable et peu à peu hors contrôle. Alors qu’une histoire mettant en scène des enfants comme lui, dans des situations réalistes, lui permet de développer une imagination contrôlée par la raison et en lien avec le réel.

L’imagination est aussi le lieu des tentations. Nous ne pouvons pas l’empêcher de démarrer dans les fantasmes de toutes sortes, mais dès que nous en prenons conscience, nous pouvons la remettre sous le contrôle de notre raison et de notre volonté et ainsi grandir humainement et spirituellement.

Dans la relation avec Dieu, l’imagination est une aide précieuse car elle nous donne une foi vivante, qui n’est pas simplement intellectuelle, mais nous rend Dieu présent. Par exemple, en lisant que « Syméon prit l’enfant dans ses bras », si l’on peut imaginer ce vieillard, attendant le salut d’Israël depuis de nombreuses années, tout à coup illuminé par ce tout petit dont il perçoit la grandeur, la joie qui le submerge alors devient sensible, ce n’est plus une idée, nous la sentons aussi, et nous pouvons aussi en imagination prendre le tout petit Jésus dans nos bras à notre tour, avec la même joie et la même paix que Syméon. L’imagination alors touche au réel puisqu’elle nous rend plus présents à Dieu qui est toujours présent près de nous.

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