Et la volonté de Dieu ?
Dans les précédentes rubriques, nous avons examiné la volonté d’un point de vue humain, naturel. Qu’en est-il de la volonté de Dieu, puisque tous les jours dans le Notre Père, nous lui disons : « Que ta volonté soit faite ». Y a-t-il contradiction entre la volonté de Dieu et la mienne ? Et alors laquelle choisir ?
Quand François de Sales nous dit par exemple : « Ne rien demander, ne rien refuser », devons-nous être des pantins qui se laissent manier à tous vents, y compris par le Bon Dieu ?
Certes NON !
Vouloir ce que Dieu veut est bien une décision de ma volonté. Quand les mystiques parlent de ne rien vouloir, il ne s’agit absolument pas d’être passif, et leur attitude est bien différente de se laisser mener par leurs envies, leurs désirs ou leur environnement. Nous avons vu (rubrique 16) que la volonté rejoint notre conscience, c’est donc qu’elle touche le plus profond de notre être, là où nous pouvons dire JE. Et c’est là que nous pouvons dire à Dieu : « Que ta volonté soit faite ».
Il semble même que pour pouvoir dire en vérité « Que ta volonté soit faite », il faut avoir appris à faire de vrais choix, prendre de vraies décisions, en assumant leurs conséquences, donc être capable de dire « je veux », « je choisis », après s’être demandé si ce que je veux est clair, si c’est possible pour moi, et si tout mon être est en accord avec cette décision. On sait que la grâce ne contredit pas la nature, et si Dieu nous a donné cette capacité à dire « je veux », nous devons apprendre à nous en servir.
C’est un point très important dans l’éducation des enfants. Les sollicitations de leurs envies ne manquent pas, que ce soit dans l’alimentation, les loisirs, les relations… Si on ne les éduque pas à résister aux modes, à leurs pulsions, aux sollicitations extérieures, ils ne seront jamais capables d’entendre l’appel à une vocation de la part du Seigneur, mariage ou célibat consacré, et, s’ils l’entendent, d’y rester fidèles.
Si au contraire, on les oblige à rentrer dans un moule avec une éducation très contraignante, sans leur laisser jamais la possibilité de faire de vrais choix dont ils sont entièrement responsables, un jour ou l’autre le moule craquera et les laissera complètement désemparés, ne sachant pas ce qu’ils veulent vraiment.
Tout l’art des éducateurs sera de permettre cet apprentissage de la volonté, avec des situations adaptées à chaque âge, sans oublier l’apprentissage de l’obéissance, là aussi adaptée à l’âge de l’enfant.
C’est un point important pour des parents chrétiens qui veulent que leurs enfants trouvent leur vocation. Car se poser la question d’une vocation c’est réfléchir à l’un de ces « grands choix » dont nous avons parlé. Et la dimension spirituelle ne devra pas occulter le nécessaire cheminement de voir clairement de quoi il s’agit, si je peux le faire, et si tout mon être est d’accord, corps, âme, esprit. Afin de pouvoir choisir librement. Car en nous créant, la première volonté du Seigneur est que nous soyons vraiment libres en face de lui.