Le choix (2)
« Je n’ai pas le choix ! »
Comme on entend souvent cette phrase ! Elle est parfois teintée d’amertume, laissant entendre que la personne n’est pas vraiment satisfaite de ce qu’elle fait, mais se sent obligée de le faire. Cette phrase témoigne d’une division intérieure et en fait révèle des choix mal faits et en conséquence une attitude passive, qui subit les événements.
Pourquoi ? Pourquoi nous sentons nous contraints d’accepter quelque chose que nous n’aimons pas ? Essayons alors de voir clairement les termes du choix, et les conséquences de chaque terme.
Un exemple : cette jeune femme est stressée, épuisée, parce qu’elle court tout le temps, après son travail elle doit aller chercher les enfants à l’école, les courses qu’elle a commandées, puis donner les bains, faire le repas etc… Elle a choisi son travail. Elle a choisi ses enfants. Alors pourquoi est-elle mal ? Elle n’a pas bien envisagé avec son mari les conséquences des 2 actions. Oui un travail, ça fatigue, ça « prend la tête », en sortant on aimerait pouvoir se poser et se détendre. Oui des enfants ça demande du temps, de la patience , de la disponibilité, des soins, surtout après leur journée d’école, eux aussi ont besoin de repos.
Alors quoi ? Choisir c’est renoncer.
Si cette famille choisit de réorganiser sa vie professionnelle, que les parents décident de travailler moins pour rester disponibles à leurs enfants, les revenus vont baisser, il faudra revoir le budget voiture, maison, vacances. Mais l’ambiance sera peut-être plus agréable à la maison, et chacun plus épanoui. S’il y a obligation pour les 2 parents de garder leurs emplois, alors c’est du côté de l’organisation de la vie de famille qu’il faudra chercher des solutions : se simplifier les tâches matérielles, trouver des solutions de garde des enfants etc… et renoncer à certaines sorties, certaines activités non essentielles pour garder du temps avec eux par exemple.
Allons plus loin. Pensons à ces hommes qui conduisaient les trains bondés de prisonniers vers les camps de concentration nazis. Eux aussi disaient : « Je n’ai pas le choix, il faut que je fasse vivre ma famille ! » En réalité, ils ont choisi, le confort, la facilité, en n’écoutant pas leur conscience qui leur faisait sentir que ces trains n’étaient pas normaux, mais ce choix n’était pas vraiment conscient et libre. Les résistants de la première heure, Edmond Michelet, De Gaulle, eux ont librement et consciemment choisi, sachant ce que ça pouvait leur coûter pour eux-mêmes et leurs familles. Et nous les reconnaissons pour de grands hommes parce que nous admirons cette unité intérieure qui leur a permis ce choix. Ils étaient vraiment libres. Ils ne subissaient pas.
Nous nous trouvons tous un jour ou l’autre devant une situation difficile et douloureuse que nous préférerions éviter : vieillissement d’un parent, handicap d’un enfant, chômage… Discernons alors quelle est la part de choix qui nous reste dans ces contraintes imposées, et ne subissons pas la situation. Mais instant après instant reposons le choix qui nous rend actif dans cette situation pénible, et nous fait sortir de la plainte.
Quand nous disons « Je n’ai pas le choix », nous laissons les autres, les événements, choisir à notre place, nous abdiquons notre liberté.