L’ouïe
Un des premiers commandements de la Bible est :
« Écoute, Israël! » (Dt 5,1)
Et cela revient très souvent… Pour écouter (avec attention, donc en étant concentré), il faut entendre, c’est à dire recevoir les sons (et les paroles), comme ils sont, sans interpréter.
Cela s’apprend dès la petite enfance, en éveillant l’attention auditive,notamment aux sons de la nature :chants d’oiseaux, murmure du vent dans les arbres, cris d’animaux… Cela suppose que l’environnement sonore ne soit pas surchargé (exemple de la télé ou radio marchant en continu), et qu’il soit bienveillant. Dans un environnement de bruits violents et effrayants, l’enfant va se replier, comme on le voit faire dans le sein maternel. Pour se protéger, comme il ne peut pas « fermer » ses oreilles, alors il n’y fait plus attention, comme s’il les coupait de son intelligence.
Car écouter éveille l’intelligence. Même si on peut apprendre par le mouvement ou la vue, la mémoire à long terme et l’organisation de la pensée se construisent par la parole, entendue et dite. Et l’intelligence nous a été donnée pour connaître Dieu.
Écouter conduit aussi à l’obéissance, qui dans son premier rôle est de suivre quelqu’un à qui nous faisons confiance parce que nous savons qu’il va nous apporter un plus grand bien. Si l’on n’a pas pu apprendre à écouter paisiblement et avec confiance, c’est la révolte qui s’installe avec la désobéissance et la souffrance.
Écouter touche aussi le cœur. L’adulte doit veiller à sa langue quand il parle à un petit. L’enfant prend les mots dans leur sens brut. Un exemple : en parlant de quelqu’un qui est mort, si l’on dit qu’il « est parti », le petit peut alors avoir très peur de ce mot « partir » qu’il va associer à un départ définitif, un abandon… et refuser tout départ (en vacances, dans la famille…), pour lui ou les personnes sur qui il s’appuie.
Attention aussi aux paroles dévalorisantes qui restent gravées dans le cœur en y semant le découragement, la honte, la culpabilité. « Tu n’y arriveras jamais ! » « C’est de ta faute ! » « Tu aurais mieux fait de ne pas naître ! » Chaque parole négative de ce genre est un poison qui poursuit longtemps son œuvre de destruction, et il faut au moins 5 paroles positives contraires pour en guérir :
« Tu es une merveille ! »
« Tu es mon enfant bien-aimé ! »
« Je suis heureux que tu sois là. »
« Tu n’y es pour rien. »
« Tu vas donner le meilleur de toi-même et tu auras une belle vie. »
Si une parole blessante nous a échappé envers un enfant, nous pouvons paisiblement soigner la blessure par ces paroles de consolation.
Pour des plus grands, apprendre à reconnaître les chants d’oiseaux est un bon entraînement d’accueil des sons. De même mémoriser des poésies ou des chansons (en explicitant le sens, mais nous y reviendrons).