Saint Jean Baptiste

 

Le plus grand des enfants nés de la femme, dernier des prophètes et précurseur du Christ, Jean Baptiste est aussi le nouvel Élie, qui se retire au désert pour y attendre l’heure de remplir sa mission d’annonce du Messie. Il nous apprend cette joie parfaite qui nous est offerte lorsque nous laissons Jésus croître en nous, dans le dépouillement d’une vie toute tournée vers lui.

« Voici que j’envoie mon messager mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi. Voici que je vais envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper d’anathème le pays » (Malachie 3, 1 ; 24.)

Placé à la frontière entre l’Ancien et le Nouveau Testament, saint Jean Baptiste, précurseur du Christ, est ce messager que le Seigneur envoie devant lui pour préparer à son Seigneur un peuple bien disposé.

En effet lorsque les apôtres interrogent Jésus sur le fait qu’« Élie doit venir d’abord », il leur répond qu’Élie est déjà venu, se référant en fait à Jean Baptiste, ainsi désigné comme le nouvel Élie, et comme lui annonciateur de ce feu qui doit venir sur la terre, lorsque le Christ nous baptisera dans l’Esprit et le feu.

Toi qui veilles en la nuit,
Joyeuse est ta lumière !
Tu es la lampe qui brûle et qui luit
Jusqu’à l’Aube attendue
Depuis des siècles.

Tu précèdes le jour,
Tu portes l’espérance ;
Éclaire l’homme en sa quête d’amour
Et ramène son cœur
À l’innocence.

À la Pâque de Dieu
Prépare notre terre !
Tu nous annonces un baptême de Feu :
Qu’il embrase la vie
De tous les êtres !

Ta lumière décroît,
Une Autre se révèle ;
C’est Dieu qui monte et devance tes pas :
Dans l’Aurore du Christ,
La joie parfaite !

Hymne à saint Jean Baptiste

 

Jean Baptiste nous apparaît comme étant séparé de toutes les choses créées et comme étant celui qui s’est réservé pour la joie unique d’entendre la Voix du Seigneur.  Il n’a pas voulu d’autres joies ; il n’a pas voulu être consolé par autre chose. IL n’a vécu que pour cette joie. C’est cette joie qui l’a saisi dès avant sa naissance. Ensuite il ne vivra plus que de cela. Il y aura chez lui, comme le dit le Père Faber, l’oratorien anglais, une « bienheureuse impossibilité de s’unir aux choses de la terre ». IL a été tellement saisi par l’Esprit Saint qu’il y a en lui comme une sorte d’impossibilité de vivre d’autre chose. Comme il connaît ce qu’est la vraie joie, il ne peut pas connaître d’autre joie, et c’est à cela que correspond cet aspect de sa vie qui est de Désert. […] C’est ce désert où Dieu est comme plus proche, parce que, précisément, nos regards s’attardent moins sur les créatures. C’est ce désert dans lequel Jean Baptiste s’est enfoncé le premier, avant Jésus, avant Antoine, avant tous ceux qui s’y enfonceront à leur tour, pour y vivre tout entier le combat spirituel, pour n’être distrait par rien de ce qui n’est pas la préparation du règne de Dieu par les invisibles victoires de l’Amour.

Mais il n’est l’homme du désert que parce qu’il est l’homme de la joie spirituelle. Dans l’oraison de la fête de saint Jean Baptiste, on lui demande la grâce des joies spirituelles, c’est en effet sa grâce propre. Il est le saint le plus jubilant de l’Écriture. Mais il est l’homme d’une seule joie, qui est celle d’entendre la Voix du Seigneur. Il se sauve dans le désert pour que rien ne le détourne de cette joie, pour y être tout entier consacré, pour se rappeler toujours cette rencontre, d’avant sa naissance et pour attendre la seconde rencontre, celle du baptême, se réservant pour cette unique joie, loin de toutes les créatures. […]

Pour secouer le monde dans son indifférence, il faut des prophètes, c’est-à-dire des hommes qui soient intérieurement saisis par cette vision divine des choses et qui puissent secouer les homms dans leur inertie et être vraiment des « témoins ». Or, le témoin est celui qui, intérieurement d’abord, a vu les choses, que Dieu a introduit dans la vision des choses qui est la sienne, de manière à la faire passer parmi les hommes. Ainsi de Jean Baptiste. Dieu d’abord l’a introduit dans le mystère de son dessein, dans le mystère de ses plans, l’a retiré au désert pour l’unir à sa joie ! Et maintenant — et c’est l’essentiel — il est le « témoin », c’est-à-dire celui qui montre le Christ aux hommes.

Jean Daniélou, Le Mystère de l’Avent

 

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