La volonté (4)
Il arrive que, voulant faire une action, ayant bien examiné de quoi il s’agissait et vu que cela nous était possible (voir les rubriques précédentes), il nous reste un certain malaise, quelque chose nous empêche de franchir le pas et de décider vraiment. Il est très important alors de ne pas forcer la décision et de prendre le temps de voir ce qui nous bloque.
Ce malaise signifie en effet qu’une partie de moi n’est pas en accord avec la décision à prendre. Je ne suis pas unifié. Comment alors mobiliser ma volonté, mon énergie propre, si une partie de moi ne veut pas cette action ? Ce serait lutter contre moi-même et perdre cette énergie qui va me permettre d’aller jusqu’au bout de ce que j’entreprends.
Reprenons l’exemple d’une invitation à aller faire un tour en ville. J’ai demandé à mon ami ce qu’il voulait vraiment, il m’a expliqué qu’il veut prendre un café dans un bar. Rien ne m’empêche d’y aller, j’ai le temps, l’argent nécessaire, c’est donc possible. Je pourrais lui dire oui, mais voilà que quelque chose me perturbe, je ne parviens pas à lui dire un oui franc. Si je me force, je vais y aller « d’un pied », en râlant, au moindre accroc j’en voudrais à mon ami de m’avoir entraîné là… et pourtant j’ai accepté et j’étais libre, je suis donc responsable.
Je dois donc examiner ce qui bloque. Ça peut être qu’en fait j’ai envie de rester tranquille à ce moment-là. Je dois entendre ce besoin de tranquillité : s’il est impérieux je vais rester chez moi ; si je m’aperçois que je peux le prendre à un autre moment, je vais peut-être accompagner mon ami. Ou je vais m’apercevoir que malgré mon besoin de tranquillité, je veux faire plaisir à mon ami à ce moment-là, et je vais pouvoir décider vraiment d’aller au café avec lui.
Le but de cet examen est de prendre une vraie décision, et d’en être responsable. C’est faire grandir notre liberté.
Ces temps-ci, avec l’épidémie de coronavirus, des personnes qui ne veulent pas se faire vacciner se sentent obligées de le faire, et répètent à qui mieux mieux « je n’ai pas le choix ». Nous avons toujours le choix. Il est important d’en discerner les éléments.
Pour les professionnels de santé, ils ne peuvent pas poursuivre leur travail s’ils ne sont pas vaccinés : leur choix portera sur leur mode de vie. Ils se font vacciner et continuent à travailler, ils ne se font pas vacciner et changent de travail, avec toutes les implications que cela entraîne.
Il n’est pas rare que dans notre vie, nous soyons confrontés un jour ou l’autre à des choix radicaux de ce type. Pensons aux gardiens des camps de concentration nazis, ou aux conducteurs des trains de la mort, dont certains disaient aussi : « je n’ai pas le choix ». Pensons aussi aux premiers résistants, Edmond Michelet par exemple, qui ont choisi et en ont assumé les conséquences.
C’est notre conscience qui est ici en jeu, c’est à ce niveau-là que nous devons nous unifier et prendre nos décisions.
Bien sûr, aller au café n’a pas de commune mesure avec se faire vacciner. Mais en exerçant notre conscience dans des petits choix, des petits actes de volonté, nous l’entraînons pour les grands choix et les grandes décisions.
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