La volonté (1)

On a souvent une idée fausse de la volonté. Pour quelqu’un qui se laisse porter, on dira par exemple : « Il n’a pas de volonté ». En ajoutant même parfois : « Quand on veut, on peut ! » Or ces deux affirmations sont fausses si on comprend bien ce qu’est la volonté (je m’appuierai là sur les écrits de Roger Vittoz).

La volonté est en fait notre énergie personnelle. Elle est en nous, elle est en lien avec notre force physique et notre force psychique. Et tout le monde a de l’énergie, plus ou moins selon l’instant, mais il y a toujours au fond de nous ce réservoir d’énergie qui nous permet d’agir.

Toute la question va être de mobiliser correctement cette énergie. C’est un peu comme pour l’eau : si vous n’ouvrez pas beaucoup le robinet, l’eau coulera peu, si vous l’ouvrez trop elle éclaboussera partout. La qualité de cette mobilisation est très importante car c’est cela qui nous permettra d’atteindre notre but.

Si nous n’avons pas mobilisé assez d’énergie (robinet pas assez ouvert) ou pas correctement, nous n’irons pas au bout de ce que nous avons entrepris. C’est le cas des personnes qui ne finissent jamais ce qu’elles ont commencé, ou qui ont plein de désirs, d’envies et ne réalisent rien. Elles vivent alors une insatisfaction, un découragement, voire un dégoût de soi-même, une perte de confiance en soi avec un fort sentiment d’échec.

A l’inverse, certains mettent trop d’énergie pour la moindre tâche (robinet trop grand ouvert), ils se raidissent pour réussir, ils sont dans le volontarisme. Quelquefois ce sont des personnes qui entreprennent plein de choses avec beaucoup de « bonne volonté », mais qui échouent ou ne vont pas au bout de ce qu’elles ont entrepris. Leur énergie part dans tous les sens, ils en perdent beaucoup aussi dans le raidissement et l’exigence qu’ils s’imposent et n’en ont plus assez pour arriver au but. Le résultat est le même : insatisfaction, perte de confiance en soi, sentiment d’échec, et il peut se rajouter de la colère, de l’agressivité et de l’amertume contre les autres que l’on va rendre responsable de ses échecs.

Pourtant, dans certaines situations graves, sans issue, il nous semble que nous n’avons plus du tout d’énergie. Et tout à coup, pour une chose importante à nos yeux, nous allons être capables de bouger et avancer. Je pense à l’exploit de l’aviateur Guillaumet marchant au-delà de ses limites physiques parce qu’il pense à sa femme qui a besoin de lui. Il a trouvé au fond de lui une énergie insoupçonnée, sa volonté, qui lui a permis de continuer encore et encore.

Et il peut dire : « Ce que j’ai fait, aucune bête ne l’aurait fait. »En effet la volonté est caractéristique de l’être humain, corps, âme, esprit.

L’essentiel va être de retrouver son énergie personnelle au fond de soi et d’apprendre à l’utiliser correctement, en la mobilisant d’une bonne manière, ni trop ni trop peu.